À partir du XIIIème siècle, Venise est divisée entre deux factions rivales : les Castellani et les Nicolotti. Les premiers portaient une écharpe et un chapeau rouge, couleurs de la Venise orientale, tandis que les deuxièmes, une écharpe et chapeau noir, représentant la partie occidentale de la ville. Suite à un conflit religieux important au Moyen Âge, ils décidèrent de s’opposer sur ce pont, le Ponte dei Pugni, à savoir le Pont des Poings et de régler le problème une bonne fois pour toutes. Les Castellani gagnèrent. Mais, l’histoire ne s’arrêta pas là, et les luttes à coups de poing se poursuivirent en tant qu’événements sportifs. Des juges étaient assis au pied du pont, marquant les points et vérifiant toute infraction. Il y avait trois types de combats : la boxe, où le premier concurrent à perdre du sang perdait le combat. Ensuite, il y avait la « frota », une grosse bagarre où pratiquement tous les coups étaient permis, et finalement la « lutte méthodique », dont le but était de lancer le plus d’adversaires possible du pont et dans l’eau. Jusqu’à peu, les ponts étaient en bois et n’avaient pas de balustrades. Le tout prit fin en 1705, année où une bagarre devint incontrôlable. En effet, certains prétendants commencèrent à utiliser des couteaux, des pierres et des bâtons, objets interdits par le règlement. Le prêtre de l’église voisine de San Barnaba sépara les deux camps. Il arriva en courant et en agitant une croix dans l’air, criant furieusement à la condamnation. Aujourd’hui, vous pouvez encore voir de jeunes vénitiens lancer un coup de poing ou deux en traversant le pont. Les habitants y viennent tous les jours, ne serait-ce que pour acheter des fruits et légumes directement au bateau du marchand de légumes.